« L’écriture me donne le sentiment d’ajouter des jours à ma vie. »
J.M.G Le Clézio
Alors que je m’apprête à faire le récit de personnes que je ne connais pas encore, je prends la plume pour écrire mon premier article. Il me semble en effet essentiel de continuer à écrire pour moi. Non par égocentrisme ni par besoin, mais juste par plaisir. Pour mettre mes propres mots sur mes pensées.
Écrire, il y a encore quelques années, je m’en serais crue incapable. Sans doute faut-il un arrêt sur image dans sa propre vie pour oser aligner quelques mots. Auparavant, l’oralité me convenait très bien. Je pensais que l’écriture était réservée à une élite, aux Géants de la plume, à ceux dont je voyais les noms alignés dans les librairies ou les bibliothèques. Un monde inaccessible pour le commun des mortels dont je fais partie. D’un côté l’intelligence, la grâce de la parole, la connaissance du monde et des humains, et de l’autre ceux qui lisent tout simplement.
On nous apprend pourtant à écrire durant toute notre scolarité. On nous donne des outils, des savoir-faire, des indications précises. On nous incite à imaginer, rêver, créer. On nous fait découvrir de grands auteurs. Oui, mais ce n’est pas toujours le bon moment. C’est souvent trop tôt, ou mal amené. Il y a le sentiment d’écrire sous la contrainte. On fait de l’écriture une matière scolaire comme une autre. Et puis toujours ces fichues notes scolaires qui viennent parfois brimer l’inspiration.
L’écriture a besoin d’un espace de liberté, c’est pourquoi c’est souvent après, bien après que l’on ose enfin laisser aller sa plume et ses pensées. Pour ma part c’est certain, je n’ai pas dû écrire grand-chose d’intéressant au collège et au lycée. Ce que l’on me demandait me paraissait abstrait, froid, déconnecté de ma vie. Il a fallu que j’atteigne mes quarante ans pour m’autoriser à écrire. À ce moment-là, il y a eu un blanc dans ma vie, un temps d’exil intérieur. Je me situais alors bien loin des autres et de ce qui se passait dans le monde. L’écriture est apparue comme un moyen de survie. Ce fut ma bouée. Je ne me l’explique pas encore. Une écriture sans prétention bien sûr, mais une écriture quand même. Des mots qui s’alignaient et qui avaient du sens. Des mots qui exprimaient mes émotions, qui m’aidaient à y voir clair en moi. J’écrivais pour moi, sans contraintes et sans peur. Ce que j’ai découvert me porte encore aujourd’hui.
Écrire est une façon comme une autre de communiquer avec les autres. Elle est source de vie, de bien-être et d’apaisement. Elle rejoint ceux qui vous lisent, et qui se retrouvent parfois dans ce que vous exprimez. Elle ne s’impose pas, n’exige pas, ne quémande pas. Elle s’offre tout simplement.
